17 – Condition

Les mots simples ne sont pas toujours les plus faciles à placer 🙂

Œuf, Perle, Étable, Wagon, Animé, Hoquet, Ruban, Mât, Canon

17 – Condition

— Je vous accorde dix minutes pour décider de ce que seront les prochaines heures. Posez toutes les questions qui vous passent par la tête. Ensuite…

Il laisse un interminable silence s’installer entre nous.

Il détache la montre de son poignet, la dépose sur la table entre nous et déclenche le chronomètre.

Dix minutes ?

Le temps défile à la vitesse des secondes que je contemple. Des perles de sueurs coulent en ruban sur mes tempes.

Dix minutes ?

Il m’en faudrait des milliers pour exposer les doutes accrochés au wagon de mes craintes.

Le décompte rapetisse mes idées, les dissipe dans une nuée d’interrogations impossibles à exprimer. Je lance le seul mot capable d’amorcer le dialogue.

— Ensuite ?

Le sourire satisfait, teinté de triomphe étire ses lèvres humides de la bière qu’il sirote avec délectation.

— Vous découvrirez les limites de l’acceptable et vous les dépasserez sans commune mesure.

— Vous me baiserez ?

Mon hoquet peureux l’amuse.

— Vous me supplierez de le faire, mais vous devrez le mériter.

— Que dois-je faire pour le… mériter ?

Sa franchise sans fard me rassure. Je perçois la rigueur qu’il exige certainement dans la vie ou dans n’importe quelle situation aussi insensée que celle-ci.

Dès le premier regard, il m’a imposée sans autorité, m’a intriguée au point que je me sens prête à le suivre.

— Tout ce qui me rendra fière de vous.

— Qu’attendez-vous de moi ?

— Une soumission totale, aucune question, une réponse immédiate et muette à mes demandes.

— Qu’est-ce que j’y gagne ?

Son rire monte entre nous, ironique et presque joyeux. Il se moque ouvertement de ma naïveté.

— Vous y perdrez tout au contraire. Vos repères, vos rêves de petites filles, vos désirs d’amante, votre résistance, votre statut de femme. Je punirai chacune de vos révoltes, vous les enfoncerais dans la chair pour que vous en soyez marquée à vie.

— Vous allez me marquer comme une vache ?

— Nous ne sommes pas dans une étable, mais dans un chenil. Vous serez ma chienne.

Je recule dans mon fauteuil, bouleversée par sa mise au point déstabilisante, par le mot cru qu’il assène avec une jubilation palpable.

J’en suis tétanisée, déphasée de ne pouvoir me lever pour le laisser à son délire de brute. Je ressens un attrait incommensurable pour ce qu’il me propose.

Il termine son verre de bière, le pose sur le guéridon avec lenteur.

— Qu’imaginiez-vous ? Que jouer à la fille libérée serait sans conséquence ? Allez dans une boite de nuit, faites-vous sauter par un ou deux freluquets aux mâts bien dressés et rentrez chez vous. Se soumettre à son Maître demande une force de caractère que vous ne posséderez jamais. Il faut être animé par un puissant désir de se dépasser pour vivre cette expérience. Vous êtes assez canon pour trouver un baiseur en claquant des doigts. Tuez dans l’œuf cette idée de chercher ici votre rédemption. Vous n’en découvrirez aucune. Reprenez le train de votre routine.

Il m’assène son jugement d’un ton tranchant, le visage empreint d’une froideur mortelle.

Qui me réchauffe instantanément d’une folle montée de fièvre.

A suivre …

Texte court en image.

On fait ce que l’on peut avec ce que l’on a 🙂

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Ne vous privez pas des autres merveilles… c’est toujours par là 🙂

https://popinsetcris.wordpress.com/2018/03/13/13-03-une-contrainte-canon/#respond

12 commentaires sur “17 – Condition

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    1. C’est un défi sur twitter lancé par Poppins (tu a le lien du site où tous les textes des participants sont postés tous les soirs). N’importe qui peut proposer 9 mots, je pense. Je trouve cela amusant et c’est un bon exercice. Lier tout ça à une histoire est un petit challenge 🙂

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